Hyperoodon ampullatus (Forster, 1770)

Hyperoodon arctique

Si elle n’a jamais été vue dans les pertuis, même échouée, il y a une baleine à bec qui retient l’attention par l’aspect caractéristique de sa tête. Il s’agit de : l’Hyperoodon arctique ( Hyperoodon ampullatus (Forster, 1770)). Son poids peut atteindre 10 tonnes pour 9 mètres de long. Il se caractérise par un front massif plus renflé chez les mâles âgés, qui a conduit les baleiniers norvégiens à le nommer « tête de barrique ». L’hyperoodon arctique est l’une des rares espèces dont on connait un peu le comportement social et migratoire. Cet animal est largement répandu dans l’Atlantique Nord jusqu’à la limite des glaces en été. En hiver il s’avance au Sud jusqu’aux îles du Cap Vert, au large de l’Afrique Occidentale, à l’Est ; et au large de New York, à l’Ouest. Comme les autres baleines à bec, ils semblent consommer des céphalopodes et des poissons pélagiques qu’ils recherchent au delà des plateaux continentaux, lors de plongées abyssales dont on a enregistré une période record de deux heures.

Hyperoodon ampullatus (Forster, 1770)
Hyperoodon ampullatus (Forster, 1770)
Crédits : Océanopolis

Ces animaux circulent en troupes de 2 à 4 individus. Ces bandes sont habituellement constituées d’animaux d’âge et de sexe identique. Elles sont menées par un vieux mâle (les courbes de croissance déterminées à partir de la poussée des dents ont démontré que les mâles grandissent jusqu’à 20 ans).
Les mères sont souvent seules avec leur petit. Fécondes entre 8 et 14 ans, elles mettent bas tous les deux ans environ en avril, un petit, long de 3 mètres, qui sera sevré au bout de 1 an.

La chasse aux Hyperoodons a cessé en 1972, et l’espèce a été déclarée provisoirement protégée en 1977.
50 000 Hyperoodons arctiques ont été capturés par les baleiniers entre 1882 et 1920...

Si dans les pertuis, aucune mortalité n’a été clairement définie, ailleurs en France, certains animaux présentaient soit des parasitoses sévères au niveau hépatique ou des contenus stomacaux révélant des troubles du comportement alimentaire, avec la découverte de sargasses et de sacs plastiques. Alors que ces mammifères marins recherchent leur nourriture dans les ténèbres des grands fonds océaniques, ces constatations nous laissent imaginer l’abondance de ce type de déchets en suspension dans les masses liquides, loin de toute activité humaine.

Hyperoodon ampullatus (Forster, 1770)
Hyperoodon ampullatus (Forster, 1770)
Crédits : Océanopolis

Contrairement aux échouages multiples de dauphins communs, portant des traces de captures accidentelles, les baleines à bec ne portent aucune trace de traumatisme ou de collision. Ailleurs dans le monde, ces échouages ont été mis en relation avec l’usage de sonars militaires. En effet, les fréquences et les longueurs d’ondes de ces nouveaux appareils de détection sous-marine équivalente par 1000 mètres de fond, aux conséquences du survol en rase motte d’un avion à réaction. Dans ces régions, l’examen des cadavres fraîchement échoués, a révélé des œdèmes des poumons, du foie, ou des lésions du système auditif, indiquant des incidents de décompression chez ces animaux remarquablement adaptés aux grandes profondeurs. Incontestablement nous avons été témoins d’une augmentation brutale des échouages de zyphiidés.