Dermochelys coriacea (Vandellius, 1761)

Tortue luth

Dermochelys coriacea (Vandellius, 1761) ou la Tortue Luth

Dermochelys coriacea - Dessin
Dermochelys coriacea - Dessin
Crédits : Grégory Ziebacz

La Tortue luth est la plus grosse tortue marine actuellement sur la planète. Elle est remarquable parce que contrairement aux autres tortues marine, elle ne possède pas de carapace. Celle-ci est remplacée par une dossière formée de petits cartilages et de graisse imbriquée, sur une épaisseur de quatre centimètres environs, recouverte par une fragile peau bleu noir, parfois tachetée. Ses dimensions imposantes, la classe parmi les plus gros reptiles. Elle peut atteindre deux mètres de long, tête non comprise et son poids dépasser 700 kg. Comme toutes les tortues, la tortue luth respire de l’air, et pour cela elle vient à la surface. C’est pendant ce court instant, que l’on peut découvrir son aspect extérieur si particulier. Son corps en forme d’instrument de musique à corde, d’où son nom est parcouru de cinq carènes longitudinales. La tête massive porte sur le front une tache appelé chanfrein qui permet après photo d’identifier les individus. Le bec de la tortue est spécifique à son alimentation. En effet, elle se nourrit à 90% de méduses. Pour attraper ces proies gluantes, la mâchoire supérieure comporte deux grosses encoches. L’intérieur de la gueule est tapissée d’aspérités en kératine, orientées vers l’intérieur afin de retenir la nourriture jusqu’à l’estomac.
La présence des tortues luth dans les pertuis charentais est motivée par l’abondance des méduses Ryzostoma pulmo, ce sont ces grosses méduses roses qui l’été indisposent les estivants. La tortue peut en ingurgiter une dizaine à l’heure. La tortue luth contribue à sa façon à limiter le nombre de méduses, car ces dernières appauvrissent les milieux de reproduction en se nourrissent de larves.

Contenu stomacal de la tortue luth examinée en 1979
Contenu stomacal de la tortue luth examinée en 1979
Crédits : R. Duguy

Les pertuis Charentais, espaces abrités de la façade Atlantique, véritable richesse écologique, sont connus par les herpétologistes du monde entier pour l’abondance saisonnière des tortues luth. Dans le golf de Gascogne, leur présence est signalée dès 1729 à l’embouchure de la Loire. Il y a plus de trente ans, les pêcheurs coureauleurs étaient encore habitués à la présence de deux voir quatre de ces géantes entre Les Sables d’Olonnes et la Pointe des baleines près de leur navire. C’est pourtant un animal difficile à observer...

Tortue luth
Tortue luth
Crédits : Grégory ZIEBACZ

C’est en 1979, sur une plage de l’Ile de Ré, que l’examen d’une tortue luth morte a montré que son estomac contenait une masse de déchets plastiques souples dont l’ensemble atteignait une volume de cinq litres. Cette constatation révélait une nouvelle forme de pollution des océans, et est à l’origine de l’autopsie systématique des animaux échoués. Les effets pathologiques de l’absorption de matières plastiques, n’est pas l’étouffement comme il est souvent raconté pour cette espèce, mais plutôt un effet cumulatif. Le volume ingurgité peut occasionner une occlusion, des inflammations de la muqueuse stomacale. La tortue continue à avaler, et on considère qu’elle est condamnée à terme.

Dermochelys coriacea (Vandellius, 1761)
Dermochelys coriacea (Vandellius, 1761)
Crédits : Grégory Ziebacz

Le 27 février 1991, c’est encore dans l’Ile de Ré que devait être faite une découverte unique jusqu’à aujourd’hui. Une tortue luth femelle de taille moyenne, 148 cm de longueur de carapace, s’est échouée plage du Petit Bec à Les Portes. Si les causes de son échouage n’ont pas été identifiées, l’examen de ses organes génitaux a révélé, qu’elle était en train de fabriquer ses premiers œufs, puisque douze d’entre eux y ont été prélevés. Rappelons que ces animaux pondent sur les plages des mers chaudes de l’Atlantique et du Golf du Mexique, et que la présence de cette tortue en pleine hiver dans l’Atlantique nord-est pose les questions sur ses déplacements avant la pondaison.

Dermochelys coriacea (Vandellius, 1761)
Dermochelys coriacea (Vandellius, 1761)

Au début des années 1990, l’attention des usagers de la mer a été aiguisée par l’Opération "Observateurs des Pertuis" lancée conjointement par l’Aquarium et l’Observatoire PELAGIS de La Rochelle. La première année le nombre d’observations a atteint plus de 200, mais dans la même période les échouages se sont multipliés, 60 tortues de 600 kg/moyenne se sont échouées sur les côtes Françaises. Malgré les campagnes de sensibilisation, les mesures de protection et certains changements dans les modes de pêches, la tortue luth est toujours une espèce en grand danger de disparition de notre planète.