Oryctolagus cuniculus (Linnaeus, 1758)

Lapin de Garenne

Oryctolagus cuniculus (Linnaeus, 1758) ou le Lapin de garenne est un Leporidea.

Oryctolagus cuniculus (Linnaeus, 1758)
Oryctolagus cuniculus (Linnaeus, 1758)
Crédits : Cécilia Saunier-Court

Il mesure jusqu’à 500 mm, avec un poids allant jusqu’à 2,5 kg.
La tête, le dos et les flancs sont gris-beige à gris-brun, voire noirâtre, avec une tache rousse sur la nuque.
Son ventre est gris blanchâtre.
Les oreilles sont relativement courtes, noires seulement sur le bord supérieur.
Ses pattes sont brun-gris.
La queue est bicolore, brun foncé dessus, blanche dessous.

Oryctolagus cuniculus (Linnaeus, 1758)
Oryctolagus cuniculus (Linnaeus, 1758)
Crédits : Cécilia Saunier-Court

On le trouve dans les forêts claires et clairières, les landes, les prairies, les garrigues, des dunes côtières, les carrières de sable, les champs.
Il recherche les terrains avec des herbes courtes, faciles à creuser, bien drainés et parsemés de buissons et de haies.

Terrier d'Oryctolagus cuniculus (Linnaeus, 1758)
Terrier d’Oryctolagus cuniculus (Linnaeus, 1758)
Crédits : Cécilia Saunier-Court

Il est très sociable et très territorial. Il cohabite habituellement avec des congénères dans une garenne, mais peut aussi vivre en couples isolés et gîter sous des buissons ou pour les jeunes lapines gestantes dans des "rabouillères " ,simples dépressions creusées dans le sol meuble et recouvertes d’herbes sèches où elles élèvent leurs portées.
Il consomme divers végétaux herbacés selon les saisons. En hiver, il mange aussi des racines, des écorces (ou des rameaux d’arbrisseaux) d’arbres fruitiers ou de vignes notamment, ce qui évidemment n’est pas apprécié des agriculteurs...
Sur l’île de Ré, il y a toujours eu des populations de lapins... Les garennes de lapins sont indiquées dès le Moyen-âge comme présentes. Si elles sont spécifiées, c’est qu’elles font l’objet de "réglementations" car constituant une richesse. De ce fait, elles n’étaient pas accessibles à tous les habitants, restant généralement d’usage réservé aux seigneurs locaux de la noblesse ou de l’église (seigneuries très souvent d’abbayes).
Indépendamment du climat océanique "de type méditerranéen" avec un régime de pluie et de températures qui permettent tout au long de l’année, une couverture végétale permanente alternant plantes annuelles et vivaces importante pour leur alimentation, l’un des facteurs, qui favorisent la très grande abondance des lapins, est la nature sableuse du sol. Les lapins y creusent aisément leurs galeries protectrices qui peuvent rassembler dans de grosses garennes plusieurs centaines d’individus. Dans ces sols sableux au fort pouvoir drainant, les populations de lapins se plaisent et prospèrent, car ils craignent l’eau et l’humidité qui favorisent les maladies... Cela participe basiquement à la belle dynamique des populations de lapins des îles de l’ouest atlantique.
Il y a un "problème" lapin dans l’île de Ré depuis toujours. Ce qui explique d’ailleurs que les agriculteurs aient enclos de tous temps leurs parcelles les plus exposées. Avec des grillages partiellement enterrés aux fins d’éviter les dégradations de cultures maraîchères ou des pieds de vignes...
Cela explique aussi qu’il soit classé nuisible sur les îles atlantiques, alors qu’il est devenu rare sur le continent, faisant d’ailleurs l’objet de captures et de transfert par les chasseurs, de lapins rétais vers des chasses continentales. Le problème s’est accéléré depuis les années 2000 avec la concomitance de plusieurs facteurs :

  • une série de plusieurs étés (2010 à 2015 notamment ) pendant lesquels des pluies ont permis des renouvellements de végétations propices à l’alimentation de portées plus nombreuses et riches d’un nombre plus élevé de lapereaux
  • une résistance des populations à la myxomatose, maladie des lapins qui décimait autrefois des territoires entiers (la très forte densité des animaux dans les garennes disséminaient la maladie)
  • une poursuite de la déprise agricoles
  • l’absence d’entretien des digues avant la submersion Xynthia, digues colonisées par les lapins...
  • une pression de chasse peu orientée sur les lapins...
  • une forte pression de chasse sur le renard.
    Cette pression de chasse sur le renard (en relation avec la création d’une meute de chiens spécialisée) qui porte le nombre de renards tués à environ 75/80 renards par an est une très mauvaise gestion du lapin classé nuisible.
    Ré Nature Environnement s’est d’ailleurs largement fait l’écho, dans la presse, de cette situation très paradoxale qui voit des Associations Communales de Chasse Agréés (ACCA) être condamnées par les tribunaux à 30 000 euros de dédommagements aux maraîchers dont les productions sont mangées par les lapins, pour ne pas exercer leurs mission de service public (régulation des espèces classées nuisibles ). Mission pour laquelle les fédérations de chasse sont financées par l’État...

Le lapin demeure donc un mammifère très abondant dans l’île, constituant une proie appréciée de nombreux rapaces, tels la Buse variable, le Milan noir, le Busard des roseaux, l’Autour des palombes (qui percute les lapereaux au sol) et même du Faucon crécerelle sur les bébés lapins qui non sevrés mettent pour la première fois le nez hors du terrier familiale (vu par D Chevillon) sur le Bois plage...
Les corvidés comme les Pies bavardes, Corneilles noires, Corbeaux freux se nourrissent des nombreux cadavres de lapins victimes des voitures ou de maladies...
La forte densité des rapaces de l’île de Ré lui doit pour partie sa dynamique. On pense notamment aux Buses variables du Nord qui viennent hiverner sur l’île et aux Milans noirs nicheurs de la belle saison.
On notera que ses galeries hébergent chaque année la belle population de Tadornes de Belon qui nichent dans les garennes. Ce qui explique, au printemps, la présence des Tadornes dans les bois, pelouses sableuses et ronciers du sud de l’île.
Une baisse de la population semble cependant s’amorcer en 2015. Comme après toute pullulation, les populations vivent des régulations inévitables de causes diverses....
C’est la Nature qui apporte la solution.