Janvier : le temps des Rois.. et des Chevaliers !
⚔️🛡️ Arlequins, Gambettes, Aboyeurs, Culblancs et Guignettes : c’est une horde farouche, armée de longs becs, qui a pris possession des ses fiefs rétais. Du fin fond des marais jusqu’aux portes du Fier, pas un lopin de limon marin n’échappe aux piques acérées des Chevaliers.
Parmi cette gent à plumes, prenez garde à ne point confondre les sieurs aux chausses de corail : Chevaliers gambettes et arlequins trouveraient là prétexte à vous chercher querelle..
Les Arlequins, les plus rares, se reconnaissent à l’extrémité de leur bec, discrètement recourbée ; ils arborent un bandeau blanc au dessus du bec jusqu’aux yeux, et en vol, vu de dessus, le bord postérieur de leurs ailes apparait sombre et non pas blanc comme celui du Gambette ; enfin, toujours en vol, ayant les pattes un peu plus longues que celles du Gambette, les doigts de l’Arlequin dépassent complètement de sa queue.




⚔️👑 Quant aux Rois, en Ré, ils vont aussi par trois !
Les deux premiers d’entre eux, malgré leur taille bien modeste, s’éparpillent dans leurs innombrables fiefs, du sommet des Pins jusque dans les branches basses des buissons de l’île.
Petits Rois, donc, mais de haut lignage : Roitelet à triple bandeau ou Roitelet huppé, leur tête couronnée d’un cimier d’or ne laisse aucun doute sur le rang de ces créatures dont le poids ne dépasse guère celui de leurs plumes..
Si le Triple bandeau, demeure visible tout au long de l’année, ce n’est pas le cas du Huppé, dont la très grande majorité se contentera d’hiverner sur l’île avant de repartir vers la Scandinavie et les îles britanniques.
Pour ne pas les confondre, regardez-les dans les yeux : la bande noire de part et d’autre de l’oeil est l’apanage du Triple bandeau, et fait donc défaut au Huppé.


⚔️🏰 Le troisième de ces Rois, longtemps dénommé aussi Roitelet, et cantonné aux fiefs buissonnants, se fit retirer sa couronne par MM Cuvier et Buffon..
Pourtant la tradition populaire en Poitou ne put se résoudre à une telle déchéance : dans la vieille langue des villages, il a encore le nom de "Rabortiau", ce qui lui confère l’honneur de demeurer "Roi des Buissons", n’en déplaise aux gratte-papiers du Muséum qui, d’un trait de plume, le renvoyèrent à l’obscurité des trous qu’il habite..
Ainsi en est-il de la gloire passée du Troglodyte mignon !...

Je crois que le temps est enfin venu de convoquer sous les bannières de nos petits Rois, le ban et l’arrière-ban des fiefs de Ré ; oyez braves gens, c’est par ici ..
Patrice Giraudeau