Juillet en Ré..
C’est le temps du vimer touristique et de ses méandres vélocipédiques.
Pour la Faune, passées 9 heures, c’est tout le monde aux abris !
Sauf pour les Insectes, au grand dam des estivants !
Pour le naturaliste, c’est le temps.. du contre-temps !
Crépuscules, sentiers secrets et lieux à faire fuir le vacancier
Sont pour lui de précieux refuges et autant de fenêtres sur un monde discret..
L’aube dans les marais..
Il faut voir et entendre ce tumulte au lever du soleil.
Sternes pierregarins, Avocettes élégantes et leurs cousines, Récurvirostridés comme elles, les Echasses blanches, ne savent plus où donner du bec !
Chez les Sternes, la situation semble simple : le poussin attend !
Du coup, les parents n’ont plus qu’à organiser un pont aérien pour ravitailler la progéniture ; s’en suivent alors d’incessants aller-retours, poisson au bec, accompagnés de force cris pour assurer la géolocalisation de tout ce petit monde !
Chez les Avocettes, on donne dans le convoyage familial : les poussins sont guidés tant bien que mal vers la zone de nourrissage par les parents qui ne ménagent ni leurs cris, ni leurs gesticulations, pour les encourager..
Chez les Echasses, autre stratégie.. A peine nés, les poussins fuguent et cherchent refuge dans la végétation environnante ; aux parents de se débrouiller pour les retrouver et les ravitailler régulièrement pendant 2 à 4 semaines.
Et, évidemment, avec toute cette agitation, ce ne sont pas les empêcheurs de tourner en rond qui manquent..
Toutes ces petites familles vont montrer des talents et une hargne insoupçonnés face à une telle adversité.
Il faut voir comment ces parents inquiets se lancent dans de vertigineuses acrobaties aériennes pour repousser Buses variables, Milans noirs et Busards des roseaux, qui guettent le moindre défaut de surveillance ou bien l’escapade hasardeuse du jeune poussin trop imprudent.
Piqués et virages sur l’aile s’accompagnent de force messages sonores sans équivoque à destination des mal-venus !
Ajoutez à cela Maître Renard, qui, comme par hasard, se balade dans le secteur, avec la mine du parfait innocent, et vous aurez un tableau estival presque complet d’une matinée ordinaire dans les marais !
Puis, dans la chaleur des fins d’après-midi, n’hésitez pas à faire un crochet à l’ombre des bois et sous-bois.
Repérez quelque sentier encore herbeux, signe de sa maigre fréquentation, et laissez-vous guider par le vrombissement strident d’une Amégille bavarde : elle vous dévoilera la piste sablonneuse entre les arbres.
Alors, Geais des chênes et Pics épeiches se feront un plaisir de vous accueillir.
Pinsons des arbres, Merles noirs vous offriront un concert estival, qui prendra du relief, pour peu qu’un Rossignol philomèle ou une Fauvette à tête noire viennent jouer les solistes !
Et enfin, il y a cet endroit perdu dans les bois, aux allures de château-fort avec ses tours rondes et ses fossés attenants.
En fait, c’est un vrai coffre-fort ; son trésor : l’eau ! Plus exactement, l’eau des Hommes.. Celle que l’on tente de rendre à son état premier..
Là, en Été, il suffit d’attendre le crépuscule du soir.
Comme les points d’eau dans la savane, tous les habitants des bois finissent par y converger.
Le temps d’une trêve, c’est un inventaire à la Prévert que l’on peut voir défiler, et l’endroit prend alors des airs d’Arche de Noé :
Voyez vous-même :
– une Pipistrelle passant très vite, (et même un peu trop, hélas pour le photographe !.) sous le bec d’un Pigeon voyageur faisant sa pose règlementaire, d’une Gallinule poule-d’eau au régime sec, et d’une troupe de Merles noirs en train de se disputer la meilleure place..
– Mieux encore ; digne du Lion s’abreuvant au milieu des Gnous, voici l’Epervier d’Europe, soi-même, venant se rafraichir.. dans un parterre de Pigeons ramiers !.. qui préfèrent, quand même, se tenir à distance respectueuse du Seigneur des lieux !
Et que dire du cortège de Libellules, à commencer par le Sympétrum à nervures rouges - Sympetrum fonscolombii - rareté charentaise, bien que l’espèce soit relativement fréquente dans l’île, et pour qui l’endroit est un vrai Paradis !..
Juillet 2023, Souvenirs d’Été..
Au détour d’un sentier improbable,
Quelque part entre Pertuis et Marais,
La Lune se couche,
La Nuit vacille,
La Brume paresse,
La Vie se devine encore, plus qu’elle ne se voit.
On retient son souffle, on tend l’oreille..
Le spectacle commence :
Et pour la suite, c’est par ici..
Patrice Giraudeau
