Nous nous sommes croisés en Juin 2022

Rencontres lors de mes collectes dans les écosystèmes de l’île de Ré

Voici quelques unes des espèces que j’ai rencontrées au cours de ce mois de Juin 2022.

Vous y trouverez beaucoup d’insectes, dont quelques curiosités :

 le Cardinal, Argynnis pandora, un papillon plutôt rare en Charente-maritime, mais dont la présence dans l’île est régulière.
 le Petit Nacré, Issoria lathonia, un papillon lui aussi plutôt rare en Charente-maritime, mais régulièrement présent dans l’île.
 le Criquet des salines, Epacromius tergestinus tergestinus, un Orthoptère rare mais qui est discrètement présent dans les marais de l’île.

Il y aussi des Hyménoptères souvent confondus avec la guêpe habituelle :
 les Scolies : 2 espèces, Scolia hirta (Scolie hirsute) et Colpa sexmaculata (Scolie à 6 taches). Elles creusent les sols meubles à la recherche de larves (Scarabidés principalement) pour y pondre leurs oeufs.
 Bembix oculata, de la famille des Crabonidés ; cette espèce creuse des terriers dans le sable afin d’y déposer des proies pour sa progéniture.

A cela s’ajoutent plus classiquement des mouches à allure de bourdon ou de guêpe : les Syrphes (ce sont des Diptères, donc du groupe des mouches et des moustiques). Vous aurez ainsi l’occasion de découvrir quelques uns de ces insectes très utiles pour la pollinisation des plantes.

Parmi les oiseaux, à signaler une Buse variable (Buteo buteo) leucique, c’est à dire au plumage très clair pour ne pas dire blanc. Dans cette espèce, il existe un véritable continuum entre les formes très foncées et très claires (leuciques), avec tous les intermédiaires possibles.

Phénotypes de la Buse variable
Phénotypes de la Buse variable
Crédits : Patrice Giraudeau

L’origine de ces phénotypes est génétique. Pour plus de précision, je renvoie le lecteur à la publication de Kappers EF, de Vries C, Alberda A, et al. Morph-dependent fitness and directional change of morph frequencies over time in a Dutch population of Common buzzards Buteo buteo. J Evol Biol. 2020 ;33:1306–1315" dont voici 2 extraits :

Extraits de l’article de E.F.Kappers and al. :
« Une étude précédente sur les buses communes a suggéré que le polymorphisme de couleur était maintenu par hétérozygotie, en supposant un système d’hérédité simple à un locus et à deux allèles, le phénotype intermédiaire étant l’hétérozygote (Krüger et al., 2001). Cette étude a montré que la forme de couleur intermédiaire avait la meilleure aptitude. En accord avec Krüger et al. (2001), nous avons constaté que l’aptitude (succès reproducteur cumulatif) différait entre les phénotypes, le phénotype intermédiaire ayant l’aptitude la plus élevée.
Contrairement à cette étude précédente, cependant, nous avons constaté que la proportion d’individus intermédiaires a augmenté sur une période de 20 ans. Ce changement évolutif apparent ne s’est pas seulement produit en raison de la sélection sur des phénotypes individuels, mais probablement aussi en raison des avantages pour l’aptitude de l’accouplement en couples assortis. Les couples de même phénotype ont mieux réussi à élever des descendants que les couples de phénotypes différents et les phénotypes intermédiaires appariés ensembles ont produit un pourcentage plus élevé de descendants intermédiaires (74 %) que prévu dans un système d’hérédité mendélienne simple (50 %) (Kappers et al., 2018), ce qui pourrait conduire à une baisse des fréquences des phénotypes extrêmes. Cela pourrait conduire à une boucle de rétroaction positive, par exemple si les phénotypes extrêmes mettent plus de temps à trouver un partenaire de même phénotype, et finalement à un déclin des génotypes extrêmes... »
[..]
« Chakarov, Boerner et Krüger (2008) ont en outre suggéré que le succès des formes intermédiaires pourrait être lié à la résistance aux parasites. L’étude montre que les oisillons de buses au plumage plus foncé étaient plus sensibles à un ectoparasite (la mouche hématophage, Carnus hemapterus), tandis que les oisillons infectés par un parasite sanguin (Leucocytozoon toddi) présentaient une intensité d’infection plus élevée lorsqu’ils avaient un plumage plus clair. Cela suggère que les deux espèces de parasites pourraient exercer des pressions de sélection opposées sur la couleur du plumage de l’hôte, de sorte que les buses intermédiaires pourraient avoir un avantage sélectif (Chakarov et al., 2008). Cependant, les résultats dépendaient du sexe de la progéniture et de la disponibilité de la nourriture (densité des campagnols). Ainsi, le rôle des parasites dans le maintien du polymorphisme de la couleur reste incertain. »

La balade commence par ici...

Patrice Giraudeau