Avis à la population...
En ce début Mars, le tambourinage du Pic épeiche, faisant écho au tambour du garde-champêtre des villages d’antan, a annoncé haut et fort par les bois, prés et marais, l’arrivée du Printemps et l’ouverture de la grande parade (nuptiale évidemment), avec son lot de chants et chantiers (nidificateurs bien entendu).
En tête de ce cortège hétéroclite, on reconnaitra les Vulcains fraîchement revenus d’Afrique, dans leur livrée souvent réduite en lambeaux par un si long périple pour de si petites créatures.
Ils devancent de peu, et c’est remarquable, des grands du monde rétais : Milans noirs et Huppes fasciées, eux-aussi de retour d’Afrique.
L’Afrique encore, avec nos Hirondelles rustiques (même si quelques unes ont triché en se dissimulant dans des écuries de l’île..) et les Hirondelles de fenêtre qui retrouvent nos villages.
Sortant de la torpeur dans laquelle l’hiver les avait plongés, on entend à nouveau le bruit des bêtes de l’herbe dans la chaleur très relative de ce début de Printemps : Abeille domestique, Abeille charpentière.. On y ajoutera la troupe haute en couleurs des Lépidoptères : Citron, Azuré des Nerpruns, Robert le Diable..
Et dans leurs costumes bariolés de jaune et de noir, souvent confondus avec les guêpes qu’ils imitent à merveille, voici les Syrphes, petites mouches bien sympathiques, qui vont accomplir discrètement et très efficacement leur oeuvre fructueuse auprès des plantes à fleurs.
Cette immense parade se poursuit avec la troupe joyeuse et fort bruyante des Amphibiens, à commencer par ceux des fossés : Grenouilles rieuses et Grenouilles vertes..
Et enfin, pour terminer ce défilé printanier, descendant de leur pas de légionnaire les dunes boisées de la forêt du Lizay (un de leurs 150 sites connus en France), vous les avez certainement reconnus, si vous êtes très matinal : ce sont les Pelobates cultripèdes, escortés des écogardes et bénévoles qui pendant 6 semaines se sont relayés dès 4h du matin pour en faire l’inventaire et les aider à atteindre sans encombre les roselières de l’autre côté de la départementale..
Cette année nous en vîmes passer 98...
L’espoir renait après 2 années très sombres pour ces valeureux amphibiens, dissimulés profondément dans le sable la journée (40cm) et actifs la nuit. En effet, le manque d’eau avait considérablement diminué leur reproduction, et comme leur durée de vie ne semble guère dépasser 6/7 ans, il était grand temps que leur population se renouvelle.. (ce niveau de capture sur la barrière correspond à une population d’environ 500 individus dans la forêt du Lizay d’après les statistiques antérieures des écogardes de la CDC)
Hélas pour votre serviteur, mes 2 tours de garde ne m’ont pas permis de les croiser (ils étaient tous passés entre mes 2 relevés, pendant les grosses pluies du début Mars) ; j’ai quand même eu un lot de consolation avec un jeune Crapaud calamite qui fréquente aussi ces dunes boisées et qui descendait vers les roselières.
Mais il est temps que je cesse mes commentaires ; la parade approche et vient à votre rencontre : c’est par ici..
Patrice Giraudeau
Et pour ce qui est de l’ambiance musicale de la parade, voici quelques extraits enregistrés dans les roselières le 16 Mars entre 4h et 8h du matin : avec hélas un bon vent de Sud-Est, et sur fond d’Amphibiens et Foulques macroules, vous pourrez repérer entre autres, la Bouscarle de Cetti (0’38’’), le Grèbe castagneux (0’44’’), le Râle d’eau (2’08’’), la Grive draine (2’57’’), le Pouillot véloce (3’09’’), le Busard des roseaux (3’51’’)..